Démarche participative citoyenne transnationale inédite à l’échelle de l’écosystème d’un fleuve, l’Assemblée populaire du Rhône tiendra sa première session à Lyon du 1er au 3 juillet prochain. Trente habitant·es du bassin versant du fleuve, 20 Français·es et 10 Suisses, entreront en débat pour commencer à co-construire des pistes concrètes d’actions et proposer des moyens de donner la parole au fleuve. Le but : protéger les intérêts du Rhône et agir ensemble pour les générations futures.
Le bassin du Rhône connaît aujourd'hui des dysfonctionnements majeurs.
Selon une étude menée en 2008 par les Écoles polytechniques de Zurich et Lausanne, le glacier du Rhône aura diminué de moitié d'ici à 2030 et disparu d’ici à 2100. Le fleuve enregistre déjà une diminution de ses débits en été, une aggravation de ses crues, une augmentation de la pression sur les sols, et l’apparition de nouvelles pollutions. Sur le plan social, les riverain·es souffrent toujours d'un accès insuffisant ou de mauvaise qualité au Rhône.
Convaincue de la nécessité de construire une nouvelle façon de vivre avec le Rhône, l’association suisse id·eau, imagination pour l’eau douce a convoqué l’Assemblée populaire du Rhône, pour engager les habitant·es du bassin versant à réfléchir à leur rapport au fleuve et à se réapproprier le lien direct avec l’écosystème dans lequel ils et elles vivent.
«A ce stade de délabrement de notre lien à la nature, un des puissants effets de leviers de la société civile est d'expérimenter de manière audacieuse le tissage des nouveaux récits... Celui qui va s'écrire ici en imaginant une nouvelle relation avec le Rhône est une prémisse exaltante», explique Corto Fajal, membre du Comité de gouvernance de l’Assemblée populaire du Rhône. «Avec cette démarche inédite, voilà un pas de côté, qui, à défaut de faire bouger les montagnes, va amener une poignée d'habitant·es à penser comme un fleuve : quelle meilleure promesse pour l'avenir que cette nouvelle zone de confluence?»
Trente personnes tirées au sort et représentatives de la diversité des habitant·es du bassin versant du Rhône ont ainsi reçu pour mandat d’identifier des solutions «pour aider le Rhône à agir et à se faire entendre pour défendre ses propres intérêts et ceux de son bassin versant / de ses écosystèmes».
Lors de cinq sessions qui se tiendront en 2022 et 2023, les membres de l’Assemblée populaire du Rhône tenteront ensemble de répondre aux questions suivantes :
· Qui est le Rhône et quel est notre lien avec lui ? Quels sont ses rôles et ses usages dans le territoire du bassin versant ? (aujourd’hui et pour les générations futures)
· Quelles atteintes et menaces pèsent sur le Rhône ?
· Quels nouveaux outils ou dispositifs (démocratiques, juridiques, etc.) mettre en place pour lutter contre ces atteintes et ces menaces ?
· Qui peut représenter le Rhône et en être gardien ou gardienne ?
Un Comité de surveillance indépendant et un Conseil consultatif d’expert·es engagé·es garantissent l’intégrité et le respect de la démarche.
Pour Jean-Louis Michelot, membre du Conseil consultatif, «l’échelle du bassin versant est particulièrement intéressante car elle concentre tous les enjeux écologiques. C’est une échelle humaine qui les rend palpables, sensibles, et qui permet de prendre conscience de l’inéquation du système politique et juridique actuel pour apporter une réponse».
Les travaux des panélistes seront présentés à Lausanne, siège de id·eau, en septembre 2023. L’association s’est engagée à soutenir les recommandations de modèles et pistes d’action issues de l’Assemblée populaire du Rhône, et en particulier à les porter dans les territoires avec des partenaires de terrain, afin d’en expérimenter la mise en œuvre à l’échelle locale. Il s’agira ensuite d’en tirer des enseignements pour questionner le législateur et les responsables institutionnels sur les enjeux liés à la préservation du fleuve au niveau écologique.
Le but : combler les lacunes que présentent les normes politiques et légales actuelles afin de permettre aux populations riveraines et communautés concernées en Suisse et en France, soit environ 10 millions de personnes, de construire une relation non plus contre le fleuve mais avec lui, et surtout de penser leur futur en commun avec le Rhône pour transmettre des conditions de vie acceptables à leurs enfants.
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